« Nul n’est censé ignorer le risque… » Renaud Vié le Sage. Le risque nous entoure, mais sur un volcan, on peut au moins essayer d’en faire le tour.

Le risque par définition (de l’accident à la catastrophe) est égal au produit de l’aléa (probabilité d’occurrence spatiale et temporelle d’un phénomène échappant à la prévision) par la vulnérabilité (enjeux culturels, sociaux, économiques et environnementaux). Le risque total (= aléa X vulnérabilité) est la somme de tous les risques possibles comme dans « l’effet domino » (par exemple, l’enchaînement de ce qui s’est passé dans la préfecture de Fukushima en 2011). Le  risque volcanique et sa prévention, est devenu une des composantes fondamentales de la volcanologie moderne.

grillage grillé.jpgL’évolution ou le progrès d’une manière générale fait que l’aléa d’une catastrophe naturelle est de plus en plus étudié scientifiquement et de moins en moins attribué à la fatalité. Paradoxalement cette même évolution, si elle nous rend les risques moins tolérables, elle a tendance à augmenter la vulnérabilité des personnes et des biens. D’après une étude [1], si on considère la vulnérabilité selon une approche économique, les pays riches sont plus exposés que les pays pauvres et si on s’intéresse à l’aspect social, c’est l’inverse. (Les indices retenus sont le PIB, l’IDH, le taux d’urbanisation et la croissance démographique avec plus ou moins de poids en fonction de l’approche retenue, économique ou sociale). Même si, à plus long terme, on doit désormais prendre en considération l’impact environnemental et culturel.

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Dans le cas de l’éruption volcanique [2], la particularité réside d’abord dans les effets à court terme comme le tsunami ou les lahars c’est-à-dire les coulées boueuses (Nevado del Ruiz en 1985 : 25000 victimes).  A plus long terme il est plus difficile de quantifier les effets surtout quand ils ont des impacts sur le climat. Souvent il s’agit de conséquences les plus meurtrières et les plus économiquement dommageables comme les famines causées par le Laki en 1783 avec la disparition d’un quart de la population islandaise et plus de 20000 décès en Grande-Bretagne, ou comme le Tambora (Indonésie) en 1815 avec 12000 victimes directes des coulées pyroclastiques, auxquelles il faut ajouter une estimation de 80000 consécutives à la famine.

Définir et évaluer correctement le risque est une chose, faire de la prévision fiable en est une autre c’est pourquoi il est indispensable de mettre au point une stratégie de prévention (surveillance, réglementation, carte de risque, plan d’évacuation, protections, éducation et information des populations).

Mais bien souvent l’avis du scientifique, qui avance des prévisions avec une incertitude indispensable, n’est que consultatif, pas rapport au politique qui doit décider; le fossé est parfois immense. C’est notamment le cas de l’éruption pourtant annoncée  du Nevado del Ruiz en 1985 (baptisé le « lion endormi » par les colombiens car une précédente éruption en 1845 avait déjà fait un millier de victimes). Malgré les alertes répétées des scientifiques, des coulées de boue ont dévalé les 5000 mètres d’altitude. Elles ont enseveli plusieurs dizaines de milliers de personnes et leurs habitations. Une conséquence indirecte de la catastrophe est l’enlèvement le 8 avril 1988 par un commando, du gouverneur de la province de Tolima en l’accusant d’être le responsable des 25000 victimes. Enfin en 2006, suite à de fortes précipitations, un glissement de terrain a de nouveau fait 9 victimes.

En conclusion, la science du risque est une chose, la conscience du risque en est une autre.

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[1] http://cybergeo.revues.org/2614

[2] http://www.risquesmajeurs.fr/le-risque-volcanique