Les (r)évolutions énergético-industrielles et après …

Sénèque « la richesse est lente, et le chemin de la ruine est rapide » sauf si nous sommes prévenus comme Ulysse dans son retour réussi vers Ithaque  « Faites attention, vous allez rencontrer des sirènes. Si vous écoutez leur chant, elles vous attireront avec elles et vous mourrez en vous écrasant sur les rochers. »

Pour éviter les termes « effondrement », « fin du monde » ou encore moins «collapsologie », je préfère employer ce titre « tremblements de monde », à l’instar des « tremblements de terre » mais à l’échelle du monde fini [1], dans sa dimension globale, traité du point de vue de la « bio-géophysique » ou de l’environnemental, du point de vue socio-économique et du point de vue spirituel voir ésotérique et mythologique. En effet le monde est désormais interconnecté et interdépendant c’est un fait [2]. L’organisation de notre monde contemporain se décomposerait en huit grands réseaux  (Pétrole & gaz, Electricité, Communications pour les trois premières révolutions industrielles (entropiques) [3] ensuite, Transports, Eau, Services de soins et d’urgence, Finances et Institutions étatique). Si l’un de ces 8 réseaux s’écroule c’est le début d’un tremblement de monde, par le passé des villes ou des pays ont déjà tremblé à cause soit de la panne d’essence ou électrique, soit de la perte de communication, soit de l’arrêt des transports, soit de la pénurie d’eau, soit de l’absence des services de santé et d’urgence, soit la faillite des banques ou des états.

Pourquoi cet analogie avec les tremblements de terre ? A cause des nombreux points communs avec une crise sismique (croissance lente et cassure rapide mais difficilement prévisible dans le temps, répliques éventuelles, conséquences visibles sous forme d’éboulements de structures suivis de reconstructions). La différence c’est bien l’échelle, il faut désormais réfléchir à l’échelle du monde à de différents points de vue :

  • 1- pour les sciences humaines  « Effrondrement » de Jared Diamond [4] ou le « temps des crises» selon M. Serre [5] ou l’ « involution *» selon G. Deleuze, pour  les hypothèses des scientifiques de la terre et du vivant pour la fin d’un monde (GIEClimat et équivalent pour la biodiversité IPBES), mais aussi les prévisions des économistes et démographes,
  • 2- du point de vue des financiers, avec une récession économique mondiale annoncée,
  • 3- et enfin la révélation d’un nouveau monde ou cycle dans les écrits religieux (Apocalypse de Saint Jean ou le Kalkî pour le fin de ce cycle pour l’hindouisme ou le Ragnarök dans la mythologie nordique), aux visions de la fin d’un monde plus ou moins ésotériques.

Pourquoi aller au-delà du terme anthropocène [6] ? Parce l’anthropocène ne concernerait qu’un événement purement géologique centré sur l’homme exclusivement, alors que le temps de la géologie et le temps de l’homme c’est-à-dire son histoire pré-industrielle et ces tremblements de monde à venir post-industriels seront d’un autre ordre, où ces temps vont se rejoindre dans une période courte non limitée à la géologie, contrairement à une ère ou un âge, mais à tout l’écosystème interdépendants mais surtout où l’homme s’en remettra, car tout est question d’adaptabilité. Mais pour s’adapter dans un temps très court à l’échelle de la planète, il va falloir prévenir, agir et valoriser consciencieusement toutes les initiatives localement et ensemble, d’une manière inclusive, c’est un triangle vertueux en l’occurrence.

Sommes-nous sous anesthésie ?  Oui alors il est temps de se réveiller (au sens d’un renouveau de l’éveil) et de se montrer souple pour notre nouveau rapport au monde ou plutôt pour notre rapport au nouveau monde qui nous attend en embuscade, c’est même un devoir immédiat et collectif (au sens de la prise de conscience collective). Mais ce n’est pas un retour dans la nature c’est un retour vers la Nature dans toutes ses dimensions (au sens de la noosphère de Teilhard de Chardin).

* « Involuer, c’est avoir une marche de plus en plus simple, économe, sobre », voilà un autre triangle vertueux comme ambition après trois révolutions industrielles, passons à l’involution avec la nature sans pour autant faire un retour dans la nature.

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